1973 – Rapport Jury Pierre Macq

 

Remise solennelle du Prix Francqui
par Sa Majesté Le Roi Baudouin et La Reine Fabiola
à la Fondation Universitaire le
28 mai 1973

Curriculum Vitae – Rapport du Jury – Discours

Pierre Macq

Curriculum Vitae

Né à Ganshoren, le 8 juillet 1930

Diplôme Universitaire :

Docteur en sciences (physiques), Université Catholique de Louvain, 1955.

Fonctions :

Professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain : physique nucléaire expérimentale.

Curriculum vitae :

Boursier IRSIA, 1953-1955.
Maître de Conférences à l’Université Catholique de Louvain, 1956.
Chargé de Recherches au Radiation Laboratory, University of California, Berkeley, USA, 1957-1958.
Chercheur à l’Institut Interuniversitaire des Sciences Nucléaires, 1958.
Chercheur part-time délégué à Saclay pour l’étude des Hautes Energies.
Chargé de cours extraordinaire à l’Université Catholique de Louvain, 1958.
Chargé de cours à l’Université Catholique de Louvain, 1959.
Professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain, 1962.
Visiting Consultant au C.E.R.N. (Genève), 1963.
Visiting Scientist au C.E.R.N., 1966.
C.E.R.N. Fellow, 1968-1970.
Membre du Conseil d’Administration de la Société Belge de Physique, depuis 1969.
Direction de la Physique des Basses Energies ainsi que du Groupe de Moyennes et Hautes Energies à l’aide de techniques de compteur à l’UCL, depuis 1969.
Président du Comité de Gestion du Cyclotron de Louvain-la-Neuve, depuis 1971.

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Rapport du Jury (28 avril 1973)

Considérant l’originalité, l’élégance, la précision, la rigueur et l’esprit critique qu’il a développés dans ses travaux, notamment dans le domaine des interactions faibles,

considérant le rayonnement qu’exerce dans ce domaine l’Ecole de Louvain qu’à son initiative il a portée à un très haut niveau international,

considérant l’influence de ses recherches tant à l’étranger qu’en Belgique,

décide de conférer le Prix Francqui 1973 à Monsieur Pierre Macq, Professeur à la Faculté des sciences de l’Université Catholique de Louvain.

Jury international dans lequel siégeaient :

Le Professeur Wilhelm Groth
Professeur à l’Université de Bonn
                                                                Président

et

Le Professeur Torleif Ericson
Chef adjoint de la Division de Physique théorique du CERN
Genève

Le Professeur René Freymann
Professeur à la Faculté des sciences
Directeur du Laboratoire de Physique expérimentale moléculaire
Paris – France

Le Professeur John Hubbard
Group leader at the Atomic Energy Research Establishment
Harwell

Le Professeur Jacob Kistemaker
Professeur à l’Universiteit te Leiden
Directeur du F.O.M. – Instituut voor Atoom- en Molecuulfysica
Amsterdam

Le Professeur Peter Mazur
Professeur à l’Universiteit te Leiden
Directeur de l’Instituut Lorentz
Leiden

Le Professeur Lucjan Sobczyk
Professeur à l’Université de Wroclaw

Le Professeur Jean Teillac
Professeur à l’Université de Paris
Directeur de l’Institut National de Physique nucléaire et de Physique des particules
Directeur de l’Institut du Radium
Paris – France

Le Professeur Cornelis Van Heerden
Professeur ordinaire à la Katholieke Universiteit te Nijmegen
Chef de Recherches au Centraal Laboratorium der Staatmijnen
Geleen

Le Professeur Ewald Wicke
Professeur à la Westfälische Wilhelms-Universität
Directeur de l’Institut de Chimie-Physique
Munster

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Discours de Monsieur Robert Gruslin
Président de la Fondation Francqui

Sire,

Cette cérémonie à laquelle préside traditionnellement Votre Majesté, revêt toute sa valeur par la présence du Roi et que la Reine vous accompagne ajourd’hui nous comble.

Madame,

Le privilège m’échoit d’être l’interprète de cette assemblée pour vous prier d’agréer l’hommage de ses respectueux sentiments.

Sire, Madam,
Mesdames, Messieurs,

Le Prix Francqui était réservé cette année au Groupe des sciences mathématiques, physiques, chimiques.

Un Jury dans lequel siègeaient les personnalités les plus éminentes, a proposé le 28 avril dernier d’attribuer le Prix au Professeur Pierre MACQ.

Au nom du Conseil d’Administration, je suis heureux de féliciter de tout coeur le Lauréat.

Je n’essaierai pas ici d’établir le palmarès des nombreuses distinctions reconnues au Professeur MACQ, âgé de 43 ans et qui a déjà réalisé une carrière des plus fécondes.

Docteur en sciences en 1955, il est appelé à une charge de cours comme Maître de conférences en 1956, chargé de recherches à Berkeley en 1958, Chercheur à Saclay, Visiting consultant au C.E.R.N. en 1963, M. MACQ est depuis 1962 Professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain et comme tel chargé de la direction de la Physique des Basses Energies.  Depuis 1971, il est Président du Comité de gestion du Cyclotron de Louvain-La-Neuve.

C’est en reconnaissance de ces émintes contributions à la science – spécialement dans le domaine des interactions faibles – que le Professeur MACQ est aujourd’hui Lauréat du Prix Francqui.

Avec l’autorisation du Roi, je donnerai lecture du diplôme qui va lui être remis par Sa Majesté.

Le Conseil d’Administration de la Fondation Francqui siégeant à Bruxelles le 2 mai 1973,

Entendu le Jury chargé de lui faire rapport, décide de conférer le Prix Francqui 1973 à Monsieur Pierre MACQ, Professeur à la Faculté des Sciences de l’Université Catholique de Louvain.

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Discours du Professeur Pierre Macq

Sire, Madame,

C’est avec joie et émotion que je viens modestement recevoir des mains du Roi, en présence de la Reine, la haute distinction qu’est pour le monde scientifique belge le Prix Francqui.  Au nom de mes collègues physiciens nucléaires du pays tout entier, je tiens à remercier Leurs Majestés pour l’intérêt qu’Elles témoignent à la recherche fondamentale, élément essentiel de notre culture.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Il est des moments de la vie où l’on se doit d’exprimer brièvement ce que l’on sent dans le coeur, ce que l’on connaît en pensée.  On est alors un peu dans l’état du mélomane qui voudrait faire passer dans une sonate l’évènement qu’il vit tout en n’ayant qu’une connaissance fragmentaire du solfège.

Partant de ce lieu où nous sommes réunis, la Rue d’Egmont, qu’il nous soit permis d’exprimer notre gratitude aux responsables des Institutions qui y sont abritées, gratitude pour le climat d’accueil qu’y ont trouvé tant de chercheurs, gratitude pour les orientations de politique scientifique qui y ont tracées discrètement – on planifie mal ce qui est encore à décourvrir – gratitude enfin pour les encouragements soutenus qu’équipes et chercheurs isolés y ont puisé.

Je ne puis manquer d’évoquer en ce jour quelques hommes pari tous ceux qui, à des titres divers, m’ont formé, encouragé et soutenu dans l’accomplissement d’une tâche jugée digne d’une si haute distinction.  Cet honneur se reporte en tout premier lieu sur Monsieur le Professeur
Marc de Hemptinne, maître apprécié de tous, Lauréat du Pris Francqui, il y a 25 ans, protecteur des vocations scientifiques, bâtisseur de laboratoires.  A mes collègues physiciens de Louvain, J. Deutsch, L. Grenacs, P. Lipnik et J. Vervier, je dois d’avoir vécu ces heures délicieuses de découvertes modestes, de mesures bien faites qui marquent si intensément la vie du chercheur.  Les Autorités de l’UCL, de l’IISN et mes collègues des autres universités ont manifesté pour nos projets une confiance qui nous a acculé à de lourdes responsabilités : sans leur ferveur pour la bonne recherche et les amitiés qui se sont nouées à cette occasion, la physique nucléaire expérimentale serait mort-née dans notre pays.

Je tiens à associer à cet hommage public de reconnaissance ceux et celles – je citerai mes parents, mon épouse – qui n’apparaissent qu’en filigrane dans l’accomplissement du travail d’un enseignant, d’un chercheur mais sont en réalité la trame de la totalité de notre existence.

On parle beaucoup de la science et même d’anti-science; elle fait l’objet de débats économiques, politiques et sociaux.  Ne serait-il pas temps de justifier la recherche fondamentale – et je pense ici plus spécialement à la physique – en dehors du contexte de l’après guerre qui en a exagéré démesurément les aspects de rentabilité, de prestige, de concurrence, de défense nationale ?

Certes, il est intéressant de peser les apports respectifs de la recherche fondamentale et de la recherche appliquée dans les innovations, dans notre mode de vie ; suivant les analyses on passe d’un rapport de 0.3 à 70% ! On peut aussi évaluer la contribution de la recherche fondamentale créatrice de connaissance nouvelles utilisatrice d’outils de haute technicité et de méthodes originales au développement de la technologie et cela en fonction de la proximité géographique de l’une et de l’autre.  Recherche et enseignement supérieur sont indissolublement liés ; on est donc en droit de présenter la recherche comme instrument de production de diplômés.

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