1966 – Rapport Jury Henri Hers


R
emise solennelle du Prix Francqui
par Sa Majesté Le Roi Baudouin
à la Fondation Universitaire le
17 mai 1966

Curriculum Vitae – Rapport du Jury – Discours

Henri Hers

Curriculum Vitae


(23 juillet 1923 – 14 décembre 2008)

Né à Namur, le 23 juillet 1923

Diplômes Universitaires :

Docteur en médecine, Université Catholique de Louvain, 1948.
Agrégé de l’enseignement supérieur, Université Catholique de Louvain, 1957.

Fonctions :

Professeur ordinaire à la Faculté de Médecine de l’Université Catholique de Louvain : chimie physiologique

Curriculum vitae :

Aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1948-1950.
Chargé de recherches du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1950-1952.
Chercheur qualifié du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1952-1954.
Fellow of the Rockefeller Foundation. 1953-1954.
Associé du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1954-1960.
Chef de travaux à l’Université Catholique de Louvain, 1954-1960.
Professeur associé, 1960-1967.
Professeur ordinaire, 1967.
Membre du Groupe de travail Recherche Médicale du Conseil National de la Politique Scientifique, 1961-1963.
Membre du Groupe d’étude Coordination de la recherche clinique et de la recherche fondamentale du Conseil National de la Politique Scientifique, 1962.
Membre du Groupe de travail Développement de la recherche médicale du Conseil National de la Politique Scientifique, 1963.
Membre du Groupe Sciences biologiques et médicales du Conseil National de la Politique Scientifique, 1963.
Membre de la Commission de Biochimie (normale et pathologique), Biologie moléculaire du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1965.

Distinctions scientifiques :

Lauréat du Concours des bourses de voyage du Gouvernement, 1949.
Prix Louis Sanders, 1959.
Prix R.I.T., 1965.

* * *
Rapport du Jury (16 avril 1966)

Considérant que Monsieur Henri HERS, a apporté des contributions importantes à l’étude des maladies héréditaires congénitales du métabolisme de hydrates de carbone,

considérant que son oeuvre a non seulement une valeur biochimique mais est aussi d’une importance considérable du point de vue clinique,

considérant que dans les milieux scientifiques étrangers aussi bien que belges, il est reconnu comme un maître éminent et qu’il a ainsi servi dans une très large mesure le renom scientifique de la Belgique,

décide de conférer le Prix Francqui 1966 à Monsieur Henri HERS, Professeur à la Faculté de Médecine de l’Université Catholique de Louvain.

Jury international dans lequel siégeaient :

Le Professeur S. van Creveld
Professeur émérite de l’Université d’Amsterdam

                                                                      Président

et

Le Professeur R. Appleyard
Directeur du Service de Biologie de l’Euratom, Bruxelles

Le Professeur R. Courrier
Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences, Paris

Professeur au Collège de France

Le Professeur G. Gilbert-Dreyfus
Professeur à l’Université de Paris

Le Professeur P. Grabar
Chef de service à l’Institut Pasteur à Paris

Directeur de l’Institut de Recherches scientifiques sur le Cancer à Villejuif (Seine)

Le Professeur S.K. Kon
Professeur émérite de l’Université de Reading

Le Professeur R. Markham
Directeur de l’Agricultural Research Council

Virus Research Unit
Cambridge

Le Professeur Sir P.B. Medawar
Prix Nobel de Médecine

Directeur du National Institute for Medical Research
Londres

Le Professeur H.G. Pereira
Chef de division au National Institute for Medical Research

Londres

Le Professeur A.T. Phillipson
Professeur à la School of Veterinary Medicine

Cambridge
 

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Discours de Monsieur Jean Willems
Président de la Fondation Francqui

Sire,

Sans la présence de Votre Majesté, la cérémonie perdrait l’éclat que lui a toujours conféré la bienveillance Royale.

Que Votre Majesté en soit respectueusement remerciée.

Nous voulons mettre en évidence aujourd’hui, l’oeuvre scientifique d’un jeune savant qui a jeté du lustre sur son Université et sur notre Pays.

  1. Henri HERS – né en 1923 – Docteur en médecine depuis 1948.  Agrégé de l’enseignement supérieur en 1957, Professeur à la Faculté de Médecine de l’Université de Louvain, s’est consacré à l’étude du métabolisme des hydrates de carbone normal et pathologique.

Il a créé à Louvain un groupe de recherche pour les problèmes de métabolisme cellulaire et de pathologie génétique, problèmes abordés, aussi bien par la microscopie électronique que par des méthodes biochimiques.

Le Professeur HERS a apporté, dans le domaine dont il s’est soucié, une contribution fondamentale laquelle a été adoptée, peut-on dire, par tous les manuels de biochimie générale.  En étendant ses recherches aux maladies congénitales, il s’est efforcé d’établir, entre la pathologie et les sciences de base, les liens indispensables à un progrès réel de la médecine humaine.

* * *

Discour du Professeur Henri Hers,

Sire,

En daignant me remettre le diplôme afférent au Prix Francqui, Votre Majesté manifeste la sollicitude que, conformément aux plus hautes traditions de Son auguste famille, Elle témoigne pour toute ce qui, dans notre pays, touche les activités de l’esprit et plus particulièrement les progrès de la science.

Qu’il me soit permis d’exprimer au Roi ma profonde et respectueuse gratiitude.

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Ma très grande reconnaissance va à la Fondation Francqui qui a bien voulu ajouter mon nom à la liste prestigieuse de mes prédécesseurs.  Confronté sans cesse avec les grands mystères de la nature, l’homme de science peut se croire dépourvu d’orgueil; il ne peut cependant s’empêcher de se poser des questions sur la valeur d’un travail auquel il consacre sa vie et sacrifie souvent d’autres joies.  L’approbation donnée par un Jury aussi éminent que celui constitué par la Fondation Francqui est pour moi un profond réconfort et un encouragement à un nouveau départ.

A la Fondation Francqui, j’associe tout naturellement les autres Fondations qui ont leur siège dans cette maison.  La Fondation Universitaire m’a apporté son aide pendant mes études, aide qui m’a été particulièrement précieuse au cours des années sombres de la guerre.

C’est sous les auspices du Fonds National de la Recherche Scientifique que j’ai appris mon métier de chercheur : successivement Aspirant, Chargé de recherches, Chercheur qualifié puis finalement Associé du Fonds National, j’ai pu consacrer tous mes efforts à un travail qui ne tolère pas de partage.  Plus récemment, le Fonds de la Recherche Scientifique Médicale a généreusement subsidié les travaux que mes collaborateurs et moi-même consacrons à la biochimie de la pathologie humaine.

Ma formation scientifique et médicale, commencée aux Facultés Universitaires de Namur, fut poursuivie à l’Université de Louvain et je me souviens avec reconnaissance de l’enseignement des maîtres éminents de ces deux insitutions.  Permettez-moi de mentionner plus particulièrement le nom du Professeur BOUCKAERT et celui du Professeur HOET qui, en m’acceuillant dans leur laboratoire pendant mes études, m’ont permis de goûter très tôt aux joies de la découverte.

Proclamé médecin en 1948, j’eus l’heureuse fortune de commencer directement une carrière scientifique sous la direction du Professeur Christian de DUVE.  Il m’est difficile de dire en quelques mots tout ce que je dois à un maître aussi illustre.  Tout en m’enseignant la biochimie sous sa forme la plus dynamique, il m’a communiqué son enthousiasme pour les grands problèmes biologiques.  Il m’a aussi offert des conditions de travail exceptionnellement favorables, faites non seulement d’un outillage adéquat mais aussi de l’entourage intellectuel et moral que constitue cette pléiade de chercheurs dont il a su s’entourer.  Parmi eux, il m’est agréable de relever le nom du Professeur Jacques BERTHET, l’ami de tous les jours et le conseiller dans toutes les difficultés.

Après un long apprentissage, qui comportait aussi une année passée aux Etats-Unis auprès du Professeur HASSID sous les auspices de la Fondation Rockefeller, il est venu un temps où, à mon tour, j’eus à guider mes collaborateurs plus jeunes dans les chemins difficiles de la recherche biologique.

C’est en grande partie leur oeuvre qui est couronnée aujourd’hui et, de même qu’ils ont été à la peine, il me paraît juste qu’ils soient à l’honneur.  Permettez-moi de vous citer les principaux d’entre eux : le Dr EGGERMONT, le Dr VAN HOOF, le Dr DE WULF, Madame ANTOINE-LEJEUNE, M. VERHUE.

La direction d’une équipe de recherche pose des problèmes d’organisation et de financement qui n’ont pu être résolus que grâce à la confiance et à l’aide efficace de l’Université de Louvain et de plusieurs autres organismes.  Je remercie vivement Son Excellence Mgr DESCAMPS d’avoir souligné à maintes reprises dans ses discours académiques le caractère inséparable du haut enseignement et de la recherche au sein de l’Université et d’avoir mis ces principes en application envers notre groupe.  J’ai déjà signalé tout à l’heure, le rôle prépondérant joué par le Fonds de la Recherche Scientifique Médicales dans le financement de nos recherches.  Il me reste à mentionner les importants subsides reçus du gouvernement dans le cadre du soutien privilégié aux recherches en génétique humaine et finalement l’aide généreuse du Public Health Service des Etats-Unis d’Amérique.

Sire,

Monsieur le Président, Messieurs,

Les quelques explications que je viens de vous donner vous ont certainement permis de vous rendre compte que l’oeuvre scientifique que la Fondation Francqui récompense aujourd’hui est le résultat de multiples efforts qui dépassent largement ce qu’aurait pu faire un seul homme.  Ce serait cependant donner de cette oeuvre une image incomplète que de n’en pas mentionner les joies qui l’accompagnent.

Il n’est pas de plus grande joie en effet que de mettre au jour une parcelle de vérité, si petite soit-elle, et ceux qui ont fait une fois cette expérience, sont pris pour toujours du désir de recommencer; c’est une grande joie aussi d’appartenir à cette grande famille internationale des découvreurs, de ces hommes qui ont comme métier de prendre possession de notre univers et qui ont comme déformation professionnelle de respecter toujours la vérité; et finalement c’est aussi une grand joie que d’être choisi par un Jury composé de tels hommes pour recevoir le Prix Francqui.  Vous êtes venus ici pour partager cette joie; je vous en remercie très chaleureusement.

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