1962 – Rapport Chaïm Perelman

 

Remise solennelle du Prix Francqui
par Sa Majesté Le Roi Baudouin
à la Fondation Universitaire le 19 juin 1962

Curriculum Vitae – Rapport du Jury – Discours

Chaïm Perelman

(1912 – 1984)

Né à Varsovie (Pologne), le 20 mai 1912

Diplôme universitaires :

Docteur en Droit, Université Libre de Bruxelles, 1934
Docteur en philosophie et lettres (philosophie), Université Libre de Bruxelles, 1938

Fonctions :

Professeur ordinaire à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Librede Bruxelles : logique, histoire de la philosophie, philosophie morale, métaphysique

Curriculum vitae :

Aspirant du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1935-1938
Assistant à l’Université Libre de Bruxelles, 1938-1939
Chargé de cours, 1939-1944
Professeur ordinaire, 1944
Fondateur et Président de la Société belge de Logique et de Philosophie des Sciences, 1948
Président de la Société belge de Philosophie, 1955-1958
Directeur de l’Institut de Philosophie de l’Université Libre de Bruxelles, 1964-1967
Secrétaire scientifique du Centre national de Recherches de Logique, 1951
Membre de l’Institut international de Philosophie, 1953
Secrétaire de la Fédération internationale des Sociétés de Philosophie, 1953
Membre de l’Institut international des Sociétés de Philosophie, 1953
Membre de l’Institut international de Philosophie politique, 1957
Président de la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Libre de Bruxelles, 1959-1962
Membre de la Commission de Philosophie du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1960
Visiting Professor à la Pennsylvania State University, 1962
Visiting Professor à la McGill University, 1965 et 1968
Visiting Professor à la New York State University à Buffalo, 1968

Distinctions scientifiques

Lauréat du Concours universitaire, 1934-1936
Lauréat du Concours des bourses de voyage du Gouvernement, 1934-1936
Docteur honoris causa de l’Université de Florence, 1965
Titulaire de la Chaire Francqui à l’Université de l’Etat à Gand, 1966-1967

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Rapport du Jury (14 mai 1962)

Considérant la haute distinction et l’influence considérable des travaux de Monsieur Chaïm PERELMAN,

considérant l’originalité de cette oeuvre dans le domaine des sciences humaines,

considérant la méthode nouvelle qu’elle institue entre l’analyse logique et les procédés de choix arbitraires,

considérant qu’elle étudie la communication humaine en excluant aussi bien la violence que la suggestion,

considérant qu’elle est une philosophie du raisonnable et une véritable psychanalyse de la raison concrète,

décide de conférer le Prix Francqui 1962 à Monsieur le Professeur Chaïm PERELMAN.

Jury international dans lequel siégeaient :

Baron L. Fredericq
Professeur à l’Université de l’Etat à Gand

                                                                    Président

et

Le Professeur P. Aebischer
Professeur à l’Université de Lausanne

Le Professeur G. Duby
Professeur à l’Université d’Aix-en-Provence

Le Professeur J. Frappier
Professeur à l’Université de Paris

Le Professeur F.-L. Ganshof
Professeur à l’Université d l’Etat à Gand

Sir R. Harrod
Professeur à l’Université d’Oxford

Le Professeur J. Hyppolite
Professeur à l’Ecole Normale Supérieure

Paris

Le Professeur D. Mees
Professeur à l’Université d’Utrecht

Le Professeur Rousseaux
Professeur à l’Université Catholique de Louvain

Le Professeur R. Ruyer
Professeur à l’Université de Nancy

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Discours du Professeur Chaïm Perelman

Sire,

Votre Majesté, en daignant me remettre personnellement le diplôme du Prix Francqui 1962, confère à cette distinction un lustre exceptionnel.

Témoignant de l’importance qu’Elle attache à la recherche scientifique et à la vie de l’esprit, Votre Majesté suit une longue tradition, pour laquelle la communauté des savants belges est reconnaissante à la Dynastie qui n’a cessé de l’encourager dans ses efforts.

Bénéficiant aujourd’hui de cet encouragement et de cette bienveillance, je prie Votre Majesté d’agréer l’expression de ma très respectueuse gratitude.

Sire,

Monsieur le Président,

La présente cérémonie, qui marque une date importante dans ma carrière, suscite en moi des pensées tournées vers le passé et vers l’avenir.

Je voudrais tout d’abord exprimer ma reconnaissance émue à l’égard de ceux qui m’ont aidé et m’ont formé, mes parents, qui m’ont élevé dans le culte du savoir et de la droiture, ma femme bien-aimée, qui, depuis plus d’un quart de siècle, est pour moi une compagne incomparable, la Belgique, qui m’a adopté à l’âge de treize ans, et qui a contribué essentiellement à ma formation intellectuelle et morale.

Je me rappelle avec gratitude mes maîtres du Lycée et de l’Athénée d’Anvers et surtout ceux de l’Université Libre de Bruxelles, qui m’ont appris à aimer la liberté de pensée et le respect de la personne humaine.

Je pense avant tout à ceux de mes maîtres auxquels je dois ma formation philosophique et dont les influences complémentaires m’ont marqué pour toujours.

Le Professeur Marcel BARZIN, qui a guidé mes premiers travaux avec un dévouement inoubliable, m’a donné le goût de la pensée claire et rigoureuse.

Le Professeur Eugène DUPREEL, qui fut le maître à penser de toute notre génération, m’a appris par contre l’importance des idées confuses qui caractérisent toute vie sociale et politique.

Mes premiers pas dans la carrière scientifique ont été soutenus par la Fondation Universitaire et le Fonds National de la Recherche Scientifique et je voudrais, en cette occasion solennelle, exprimer ma vive reconnaissance aux dirigeants de ces deux Institutions, essentielles pour la vie scientifique du pays, et plus particulièrement, à Monsieur Jean WILLEMS, qui en est depuis le début l’admirable animateur.

Qu’il me soit permis enfin de remercier les membres du Jury qui se sont donné la peine d’examiner et de juger mes travaux, ainsi que le Président et les membres du Conseil d’Administration de la Fondation Francqui, qui m’ont fait l’honneur de m’attribuer une des plus hautes distinctions scientifiques belges.

Sire,

Monsieur le Président,

En recevant cette distinction qui me remplit de fierté et de joie, je forme le voeu de pouvoir servir mon Pays et la pensée philosophique, en contribuant à l’établissement d’une synthèse harmonieuse entre les deux valeurs fondamentales de toute culture humaniste, la liberté et la raison.

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