2001 – Rapport Jury Philippe Van Parijs
Remise solennelle du Prix Francqui
par Son Altesse Royale le Prince Philippe
à la Fondation Universitaire le 28 Juin 2001
Curriculum Vitae – Rapport du Jury – Discours
Curriculum Vitae
Philippe Van Parijs a étudié la philosophie, le droit, l’économie politique, la sociologie et la linguistique aux Facultés universitaires Saint Louis (Bruxelles) et aux Universités de Louvain, d’Oxford, de Bielefeld et de Californie (Berkeley). Il est titulaire de doctorats en sciences sociales (Louvain, 1977) et en philosophie (Oxford, 1980).
Il est professeur ordinaire à la Faculté des sciences économiques, sociales et politiques de l’Université catholique de Louvain, où il anime la Chaire Hoover d’éthique économique et sociale depuis sa création en 1991, professeur invité au département de philosophie de Harvard University depuis 2004 et professeur invité à l’Institut supérieur de philosophie de la Katholieke Universiteit Leuven depuis 2006.
Il a également occupé des postes de visiteur aux Universités d’Amsterdam, de Manchester, de Sienne, du Québec (Montréal), du Wisconsin (Madison), du Maine (Orono) et d’Aix-Marseille, à l’Institut universitaire européen (Florence), à l’Académie des sciences de Russie (Moscou), à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, à l’Académie chinoise des sciences sociales (Beijing), aux Facultés catholiques de Kinshasa, à All Souls College (Oxford), à Yale University, à l’Institut d’études politiques de Paris, à l’Université catholique de l’Uruguay, à l’Université autonome de Barcelone et à l’Ecole normale supérieure (Paris).
En 1986, il a co-fondé le Basic Income European Network (BIEN), devenu en 2004 le Basic Income Earth Network, et en préside le Conseil international. Il anime le Ethical Forum de la Fondation universitaire et coordonne, avec Kris Deschouwer, le groupe Pavia. Il est membre de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, de l’Institut international de philosophie et de l’Académie européenne des Arts et des Sciences et Fellow de la British Academy. Le Prix Francqui lui a été attribué en 2001 pour l’ensemble de son oeuvre. En 2007, un timbre poste à son effigie a été émis dans le cadre d’une série présentant neuf personnalités belges qui se sont illustrées dans le domaine de la recherche scientifique.
Il est membre du conseil de rédaction de Ethics, Journal of Political Philosophy, Economics and Philosophy, Politics Philosophy and Economics, Journal of Ethics, Critical Review of International Social and Political Philosophy, European Journal of Political Theory, Ethical Theory and Moral Practice, Ethical Perspectives, European Journal of Philosophy, Philosophical Explorations, Journal of Multilingual and Multicultural Development, Basic Income Studies, Egalitarian Theory and Political Practice, Journal of Applied Philosophy, Revue de philosophie économique, Raisons politiques, Raison publique, Ethiek en Maatschappij, Econômica et Sin permiso.
Il est l’auteur de Evolutionary Explanation in the Social Sciences (1981), Le Modèle économique et ses rivaux (1990), Qu’est-ce qu’une société juste? (1991),Marxism Recycled (1993), Real Freedom for All (1995), Sauver la solidarité(1995), Refonder la solidarité (1996), Solidariteit voor de XXIste eeuw (1997), Ethique économique et sociale (2000, avec C. Arnsperger), What’s Wrong with a Free Lunch ? (2001), Hacia una concepcion de la justicia global (2002), L’Allocation universelle (2005, avec Y. Vanderborght) et Linguistic Justice for Europe and for the World (à paraître), et l’éditeur de Cultural Diversity versus Economic Solidarity (2004).
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Rapport du Jury (21 Avril 2001)
Considérant que le Professeur Philippe VAN PARIJS est l’un des principaux philosophes de la justice sociale dans le monde contemporain.
Considérant qu’il combine un éclairage philosophique de haut niveau, basé sur les rapports d’une variété de disciplines, avec le traitement de questions d’une immense importance pratique pour le bien-être humain, à une échelle internationale aussi bien qu’en Belgique.
Considérant que de nombreux colloques et études critiques ont été consacrés à son oeuvre, et que le Professeur Philippe VAN PARIJS a apporté dans les cercles les plus éminents de la communauté intellectuelle la qualité de la recherche Belge et d’un engagement dans affaires du monde appuyé sur cette recherche.
décide d’attribuer le
Prix Francqui 2001 à M. Philippe VAN PARIJS, Professeur ordinaire à l’Université Catholique de Louvain. Titulaire de la Chaire Hoover d’Ethique Economique et Sociale.
Jury dans lequel siégeaient :
Le Professeur Renée C. FOX Ph.D.
Annenberg Professor Emerita of the Social Sciences
University of Pennsylvania
USA
Président
et
Le Professeur John BELL
School of Social Sciences and Law
University of Leeds
UK
Le Professeur Lucien BELY
Professor of Modern History
University of Paris – Sorbonne
Paris – France
Le Professeur Samuel BOWLES
Director of Economics Program
Santa Fe Institute
University of Massachusetts
Amherst, MA – USA
Le Professeur Russell DAVIDSON
GREQAM
Centre de la Vieille Charité
Marseille – France
Le Professeur Hadyn D. ELLIS
School of Psychology and Pro Vice-Chancellor
Cardiff University
UK
Le Professeur Gerda HASSLER
Philosophische Fakultät
Institut für Romantik
Potsdam – Allemagne
Le Professeur G.W. HUMPHREYS, Ph.D.
School of Psychology
University of Birmingham
UK
Le Professeur Morton I. KAMIEN
Kellogg Graduate School of Management
MEDS Department-Northwestern University
Evanston, IL – USA
Le Professeur Gerard KEMPEN
Departement Psychologie
Leiden University
Pays-Bas
Le Professeur Dickrank KOUYMJIAN
Haig & Isabel Berberian Professor of Armenian Studies
Director, Armenian Studies Program
California State University Fresno
USA
Le Professeur Torsten PERSSON
Director, Professor of Economics
Institute for International Economic Studies
Stockholm – Suède
Le Professeur Gary C.W. SHYI, Ph.D.
Department of Psychology
Center for Research in Cognitive Science
National Chung-Cheng University
Taiwan, R.O.C.
Le Professeur Heinz-Elmar TENORTH
Der Vizepräsident für Lehre und Studium
Humboldt Univerität zu Berlin
Allemagne
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Discours du Baron Jacques Groothaert,
Président de la Fondation Francqui
Sans doute dira-t-on plus tard, en parlant de notre époque, comme on a pu le dire de tant d’autres, avec ces mots qui ouvraient un livre bien connu : « C’était la meilleure des époques, et c’était la pire ». « It was the best of times, it was the worst of times ».
La connaissance atteint des sommets ; le champ de l’ignorance s’étend. Les idéologies perdent de leur pouvoir ; les fanatismes se multiplient. La génétique fait des miracles ; le clonage fait peur. La recherche médicale progresse spectaculairement ; l’usage de la drogue prolifère. On supprime les frontières ; on multiplie les embouteillages.
La mondialisation s’inscrit dans les faits ; on prédit le « Choc des civilisations ». Des horizons fascinants semblent s’ouvrir ; et l’on parle de la « fin de l’histoire ».
Les techniques de communication font merveille ; l’usage souvent irraisonné ou pernicieux de l’Internet préoccupe, celui de la télévision trop souvent consterne.
On prêche la tolérance ; elle devient vite indifférence.
On combat l’inégalité ; et beaucoup cèdent à la tentation de prôner un égalitarisme réducteur et niveleur.
La croissance spectaculaire de la production entraîne une diminution de l’offre d’emploi, ouvrant la voie à des conflits sociaux.
Face à toutes ces contradictions, le devoir s’impose avec d’autant plus de force, de refuser un pessimisme stérile, et de tirer orgueil des réalisations et de valeurs dont l’homme contemporain est porteur, de saluer l’effort de ceux qui cherchent, découvrent, et font confiance à l’avenir.
Les lauréats du Prix Francqui en portent témoignage.
De enorme versnelling van de uitvindingen en van de verfijningen in wat sommigen bestempelen als een technologische voorwaartse vlucht, doet begrijpelijke bezorgdheid rijzen over de impact van de virtuele wereld van cyberspace over de grote gedachtestromingen en de planetaire economie.
En het proces wordt gemaakt van een wetenschap die dreigt haar invloed te verliezen op de perceptie en de voorstelling van de wereld, en aldus een splitsing veroorzaakt tussen de wetenschap en het begrijpen, zelf oppervlakkig, door de niet-wetenschappers die staan voor fundamenteel verschillende wetten en begrippen. Het gaat hier om één van de uitdagingen voor diegenen die een wetenschappelijke bagage scheppen of houden, dat overheersend wordt. De Italiaanse schrijver Claudio Magris heeft over dit aspect pertinente gedachten gepubliceerd in een reeks bijdragen onder de verhelderende titel “Utopie et désenchantement”.
Het is hierom dringend nodig om gevoeligheden en gedragingen in overeenstemming te brengen waarvan de nodige harmonie aan de basis ligt van de blijvende en scheppende groei van een samenleving en van een beschaving waarvan zij wezenlijk deel uitmaakt.
Door haar aanmoediging van plurisdisciplinaire acties, door haar steun aan uitwisselingen en navorsing, door haar afwisselend toekennen van haar jaarlijkse Prijs aan specialisten van verschillende universitaire disciplines, heeft het Francqui-Fonds het gevoelen dat het de juiste weg gekozen heeft. Het heeft het voornemen om deze weg te blijven volgen en te ontwikkelen ten dienste van de waarden en de kennis die aan de basis liggen van onze gezamenlijke toekomst.
Het oprichten van Leerstoelen en de uitwisseling tussen universiteiten hebben een fundamenteel belang.
Deze actie schrijft zich in binnen een onmisbaar Europees landschap.
De Europese Ministers van Onderwijs hebben in 1999 in wat nu bekend staat onder de naam van de « Verklaring van Bologna » hun wil bekend gemaakt om een Europa van de Kennis op te richten.
Een jaar voordien, in diezelfde stad Bologna samengekomen om de 900e verjaardag van de oprichting van zijn Universiteit te vieren, hebben meer dan vierhonderd rectoren een “Magna Charta” ondertekend, waarvan de tekst uitdraagt hoe « le futur de l’humanité dépend en grande partie de son développement culturel, scientifique et technique : celui-ci se construit dans les centres de culture, de connaissance et de recherche que représentent les vraies universités ».
De Rector van de « Université Catholique de Louvain » heeft de verklaring onderschreven over « la nécessité d’une formation qui, sans les négliger, ne se limite pas au développement scientifique et technique ».
Het verwezenlijken van een Europees universitair landschap, “het Europa van de studenten”, het bijdragen tot de Europeanisatie van het hoger onderwijs, dit zijn schitterende doelstellingen die zich aansluiten met de eeuwenoude tradities die de fierheid van ons continent uitmaken. Waar de Amerikaanse Universiteiten vijfhonderdduizend studenten uit de gehele wereld aantrekken, kan Europa de uidaging opnemen. Moge zij hierin lukken door het samenbrengen van middelen en inspanningen.
De diensten van de Europese Unie schatten dat rond 2010 zes miljoen nieuwe banen zullen moeten worden ingevuld in de domeinen van de navorsing en in wetenschappelijke en technologische disciplines.
Zoals zijn buurlanden betrokken in het proces van de modernisatie, kan België het zeer reële risico niet aanvaarden dat het zou komen te staan voor een ernstig probleem in verband met de vernieuwing van het kader der navorsers. Het moet een halte roepen aan de zorgwekkende “brain drain” en het is verheugend te noteren dat onze bewindslieden – zelfs indien de voorgestelde financiële inspanning nog onvoldoende is – overwegen om de middelen vrij te maken die moeten dienen om Belgische navorsers die in het buitenland gevestigd zijn uit te nodigen om terug naar ons land te komen. Om dit te bereiken is het natuurlijk van het grootste belang dat zij de mogelijkheid zouden krijgen om te werken in bevredigende voorwaarden. Er is dus nog veel te doen.
Wij kunnen ons verheugen in de mobilisatie van de navorsers in onze universiteiten en wetenschappelijke instellingen in een doordrijvende toewijding in de merkwaardige kwaliteit van hun werk, waarvan de Internationale Jury’s van de Francqui-Prijs jaar na jaar met lof gewag maken.
Je voudrais dire un mot aussi du danger pour la recherche scientifique que représente un mercantilisme croissant, une dérive marchande de la recherche académique que dénonçait avec vigueur, tout récemment encore, un ancien lauréat du Prix, le Professeur Gilbert Vassart, plaidant « pour que les universités restent un refuge pour des chercheurs qui auraient plus pour modèle le Professeur Tournesol que Bernard Tapie ».
Il précisait encore : « L’université se doit de protéger et de soutenir ceux qui feront les découvertes qui seront à la base des recherches appliquées de demain. Pour cela, il est indispensable que les financements publics belges et européens fassent une part beaucoup plus grande à la recherche fondamentale ». Cet appel, encore insuffisamment entendu, est, année après année, obstinément répété.
A l’horizon du siècle qui s’ouvre, le double aspect de l’internationalisation de l’activité scientifique et d’une attention croissante pour l’approche interdisciplinaire, prend une importance accrue.
Sciences sociales, philosophie politique et éthique se conjuguent avec une analyse précise et concrète des réalités et des techniques sous-jacentes.
C’est dans ce domaine, complexe et innovateur, que se situe la carrière du lauréat du Prix Francqui 2001, le professeur Philippe Van Parijs.
Né en 1951, il est docteur en sociologie de l’Université Catholique de Louvain et Docteur en philosophie de l’Université d’Oxford.
Il est depuis 1995 professeur ordinaire de l’U.C.L., titulaire de la « Hoover Chair in Economic and Social ethics ».
Il a, au fil des années, donné d’innombrables cours et conférences dans des universités européennes et américaines, acquérant ainsi une remarquable notoriété confortée par de très nombreuses publications qui trouvent un large écho.
D’une bibliographie à vrai dire impressionnante je me borne à citer, de manière bien incomplète, des livres comme « Le modèle économique et ses rivaux (publié en 1990) et « Real Freedom for all » (1995) et, publié la même année, « Sauver la solidarité ».
Je me plais à mentionner encore la série de conférences Francqui données en 1999 aux Facultés Universitaires Saint Louis, qui auront été à la base d’un ouvrage à paraître sous le titre provisoire de « La dynamique des peuples et les exigences de la justice : la Belgique comme l’avenir de l’Europe ».
Uitbrekend uit het soms abstracte kader van academische studies heeft de auteur met luciditeit de problemen aangesproken van de Europese constructie die naast moeilijke institutionele besprekingen ook moet stoelen op een concrete synergie van inspanningen met technologische en wetenschappelijke navorsingen in de deelnemende landen en bij hun elites.
Ik citeer met veel genoegen de woorden waarmee de Internationale Jury zijn keuze toelicht :
“Philippe Van Parijs is one of the foremost philosophers of social justice in the contemporary world. He combines a high level of philosophical illumination, based on a variety of disciplinary insights, with an engagement in issues of human well being of immense practical importance at an international level as well as in Belgium. His work is widely regarded by scholars who have the highest eminence in their different fields of philosophy, politics and economics. Numerous symposia and critical studies have been devoted to his work. Van Parijs has brought the quality of Belgian scholarship and scholarly engagement with the world to the most eminent circles of the community of the intellect.”
Monseigneur,
Het Francqui-Fonds en de ganse universitaire en wetenschappelijke wereld zijn bijzonder gevoelig aan Uw aandachtige aanwezigheid die een waardevolle aanmoediging inhouden voor al wie blijvend bekommerd is met de vooruitgang van de kennis en van het begrijpen.
Ik bedank de Prins die heeft aanvaard om het Diploma van Laureaat van de Francqui-Prijs 2001 te overhandigen aan Professor Philippe Van Parijs, waarvan de verdienste en de waarde wordt uitgedragen door een prestigieuze Internationale Jury.
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Discours du Professeur Philippe Van Parijs