2016 – Rapport Jury Barbara Baert

Remise solennelle du Prix Francqui
par Sa Majesté le Roi Philippe
au Palais des Académies le 8 juin 201
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Son parcours – Ses travaux – Rapport du Jury

Barbara Baert

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Rekto Verso
From Kairos to Occasio Through Fort
Publication « Pneuma and the Visual Art in the Middle ages and Early Modernity en Japonais
KULeuven Stories : de kracht van verwondering
International Symposium on March 26, 2022 : The Imagery of Wind
Wind Symposium Program abstracts_English (2)the international symposium The Imagery of Wind Program English

 

Son parcours

Barbara Baert (Turnhout, 1967) a reçu une éducation qui faisait la part belle à la chose artistique. Au gré de nombreux voyages en Europe Méridionale effectués durant son enfance, son intérêt s’est porté sur l’art médiéval et l’art renaissant. Sortie majore de sa promotion au Lycée Spijker à Hoogstraten, où elle avait suivi le cursus de Latin-grec (1979-1985), Barbara Baert opta résolument pour des études d’histoire de l’art à la KULeuven, contre l’avis de ses professeurs qui souhaitaient la voir embrasser la carrière des Lettres Classiques.

Au cours de sa formation à la KULeuven, qu’elle acheva en 1989, soit dit en passant, avec la plus haute mention académique, son intérêt se développe pour la recherche. Sa thèse, dont ce n’est pas le moindre mérite que d’avoir tiré de l’oubli un incunable du XVème siècle (un ancien tirage conservé à la Bibliothèque Royale Albert I), se voit décerner en 1993 un prix de l’Académie Royale Flamande, section Beaux-Arts.

Au terme de ses études, Barbara Baert se spécialise grâce à une bourse de la Communauté Flamande à l’Université de Sienne (Italie), où elle fait équipe avec des experts patentés dans le domaine de la stylistique (l’étude et la description de langages formels) d’une part, et de l’iconographie (l’étude et la description des continuités thématiques dans les Arts) de l’autre. Outre une connaissance approfondie de la peinture italienne, son année de spécialisation lui permet d’acquérir une approche intégrative (forme et contenu) dans la compréhension de l’art.

C’est en qualité d’assistante au monitorat que Barbara Baert réintègre la KULeuven, où elle s’investit dans l’accompagnement des étudiants de première année. Dès ces années, sa réputation, jamais démentie par la suite, de pédagogue hors de pair se forge. C’est au cours de ce mandat que Barbara Baert obtient sa maîtrise en philosophie et entreprend sous la direction du professeur Maurits Smeyers une thèse de doctorat qui porte sur le culte des reliques, et qui connaîtra un grand retentissement dans le monde scientifique. Au vu de l’ampleur et de l’ambition de ce projet, un collègue étranger en donnera une appréciation pleine de louanges mâtinée d’ironie dans les termes suivants : The glorious mistake of a pioneer. A ce jour, A Heritage of Holy Wood (Brill Publishers, 2004) s’est imposé comme un ouvrage de référence, mais c’est dans le mouvement de son élaboration qu’ont jailli ou sailli les traits caractéristiques de la méthode iconologique de Baert : une méthode qui recueille et conjugue les apports respectifs des sciences de l’art, de l’histoire des idées, de la théologie, de la littérature et des arts plastiques.

En 1999, suite à la disparition prématurée de son mentor, le professeur Maurits Smeyers, une période plus difficile commence pour Barbara Baert. Certes, elle bénéficie alors d’une bourse postdoctorale de la FWO qui sera prolongée jusqu’en 2004, mais il lui faut poursuivre son travail dans l’ombre. Barbara Baert multiplie les voyages. Elle prend contact avec d’innombrables instituts et universités en Europe comme aux États-Unis. Allocataire d’une bourse d’un an à Trèves, elle obtient également plusieurs bourses d’écriture à Rome. Au cours de cette période, elle parvient à mettre en place un réseau professionnel international ample et solide. La liberté académique dont elle jouit lui permet de surcroît d’étendre son champ thématique et sa palette méthodologique. C’est à la faveur de ce détachement passager de son Alma Mater, que se dessineront les lignes directrices qui vertèbrent son œuvre jusqu’à ce jour. Revenant sur cette séquence, Barbara Baert elle-même la décrit comme une « période émancipatoire déterminante en termes de vécu et de vision, traversée à force de persuasion et de persévérance. »

A l’envol fulgurant de sa carrière académique, répond alors la diffusion accrue de son œuvre. En 2006, Barbara Baert intègre le corps enseignant de la KU Leuven. La même année, elle fonde l’Iconology Research Group (IRG), un organisme qui chapeaute une douzaine d’institutions apparentées, qui se donne pour mission d’encourager, de diffuser et d’internationaliser la recherche en iconologie. En 2006 toujours, elle fut primée pour la seconde fois par la section Beaux-Arts de l’Académie Royale Flamande, mais cette fois pour l’ensemble de sa carrière, dans la catégorie des chercheurs de moins de quarante ans.

En 2015, elle est nommée Professeur Ordinaire. La nouvelle lui parvient durant son Senior Fellowship au sein de l’Internationales Kolleg für Kulturtechnikforschung und Medienphilosophie de la Bauhaus Universität de Weimar (avril-septembre 2015), où elle avait été invitée pour sa connaissance inégalée du champ iconologique. Ajoutons à ce palmarès qu’elle continue d’assurer la présidence de son Unité de Recherche et d’Enseignement.

Barbara Baert est mariée à Koen Kwanten, avec qui elle a deux fils, Andreas (2002) et Marius (2007). Ses parents, Rita Gybels et l’artiste plasticien Paul Baert, ont quitté en 2007 leur masure du 18ème siècle à Merksplas, pour intégrer le site industriel restauré « De Mouterij » à Louvain dans le proche voisinage de la lauréate.

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Ses travaux

La discipline des sciences de l’art est une maison qui comporte de nombreuses pièces. Un domaine qui couvre aussi bien l’évolution des formes et les remaniements du beau au cours du temps, que le développement de thématiques substantielles (iconographie), ne peut que brasser et embrasser large. L’historien de l’art James Elkins (Chicago) fit naguère remarquer: “It is a sign of health of Art History that it can address large scale questions.”

 L’œuvre de l’historienne de l’art Barbara Baert n’esquive au demeurant jamais les large scale questions. Ses travaux recourent à des questionnements et des connaissances appartenant à l’histoire des idées, l’anthropologie culturelle, la philosophie ainsi que dans une moindre mesure, la psychanalyse, sans omettre sa très grande sensibilité pour les archétypes culturels et leurs répercussions dans les arts plastiques. Si son mouvement de réflexion, prend généralement son départ dans l’art ancien ou dans la première modernité, il ne comprend pas moins d’incursions significatives dans l’art contemporain.

L’exemplarité de la recherche de Barbara Baert sur le processus d’incorporation plastique de strates culturelles – aussi bien textuelles qu’issues de traditions orales – est désormais largement reconnue. Ce type d’approche se laissait déjà deviner dans sa thèse de doctorat A Heritage of Holy Wood (Brill Publishers, 2004) sur les reliques de la Vraie Croix en Europe Occidentale, aujourd’hui un classique incontournable, mais naguère une incursion méthodologique sans précédent dans le domaine. En bref, les investigations de Baert mettent en exergue un effort soutenu dans la mise en dialogue des sciences humaines et se laissent découper selon trois angles privilégiés : l’intervalle méthodique entre texte et image, l’impact du sensorium sur les Arts Plastiques et, enfin, la réflexion critique sur l’identité d’un domaine propre.

Concernant le premier angle, il faut mentionner les nombreux travaux de Barbara Baert sur le corps en tant que medium textuel et visuel. Ses recherches autour de la question du « toucher » dans l’iconographie des femmes bibliques (Marie Madeleine, la femme hémorroïsse) ont favorisé une meilleure compréhension – notamment, à l’intérieur du système d’appréhension « genré » – du tabou du sang et du tabou de contact. Dans cette série de publications sur la corporéité, ressortent avec un relief particulier le rôle des reliques, d’un côté, et celui du textile comme seconde peau, de l’autre. En ces matières, elle aborde de manière comparative et transversale les frontières culturelles européennes.

La familiarisation avec les problématiques sur l’impact du toucher, sur le textile et les zones frontalières du corps, a ultérieurement débouché sur une recherche consacrée au sensorium. Aussi, les explorations les plus récentes du travail de Barbara Baert visent à restituer le mode représentationnel et expérientiel des sens qui échappent au médium visuel et ne peuvent par conséquent être suggérés que par voie indirecte, tel que l’odeur et le vent. En atteste Pneuma and the Visual arts in the Middle Ages and early Modernity. Essays on Wind, Ruach, Incarnation, Odour Stains, Movement, Kairos, Web and Silence, son dernier ouvrage en date, qui traite effectivement des rapports complexes entre l’homme et son environnement écologique, entre l’homme et son corps, ainsi que la relation spirituelle entre le visible et l’invisible dans les arts visuels. Baert y établit notamment la valeur paradigmatique du « vent » pour la compréhension raisonnée de l’image en général.

Le troisième angle dans l’œuvre de Barbara Baert est la réflexion critique sur les fondements et la pérennité de l’identité du champ. Cette préoccupation a donné lieu à une série d’essais qu’on pourrait qualifier de méta-disciplinaires, et publiés dans la collection Studies in iconology (Peeters Publishers), spécialement conçue à cet effet. Cette série nous dévoile également une chercheuse pointue et hardie, qui protège son sanctuaire intellectuel, et par voie d’analogie, promeut un discours qui ne craint pas de bousculer le genre académique. Elle s’y montre adepte d’une pratique disciplinaire procédant par empathie et hybridation, à l’encontre d’une volonté de délimitation et d’assignation à un domaine “propre”.

Reste une dernière question : quel nom convient-il de donner à ce dialogue interdisciplinaire défroissant dans le pli de l’époque ? La langue allemande a retenu le nom de Bildwissenschaften. Les français lui préfèrent celui d’Anthropologie visuelle. La langue flamande a pour sa part conservé l’appellation originale d’Iconologie. Quoi qu’il en soit, l’énergie singulière qui anime les sciences de l’art dans leur ensemble, réside peut-être dans sa résistance à toute classification. Comme le faisait malicieusement remarquer le philosophe italien, au demeurant grand connaisseur de l’art, Giorgio Agamben : il s’agit d’une science sans nom. Nul doute que la position charnière de la Belgique, avec ses trois aires linguistiques s’entre-chevauchant, ne soit pour quelque chose dans la moisson particulièrement riche des sciences de l’art dans les pays bas : ouverte à toutes les dynamiques, à toutes les inséminations et contagions à bon escient, et toujours à l’affût des quatre vents.

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Rapport du jury (9 mai 2016)

Barbara Baert, Professor of Mediaeval Art at KULeuven and member of the Koninklijke Vlaamse Academie van Belgie voor Wetenschappen en Kunsten, Klasse der Kunsten, is an extremely productive and influential scholar, whose thematically diverse work on the art and culture of the Middle Ages has transformed this field and has had significant impact on other disciplines. What characterizes her research is the wide range of topics, that she has treated in numerous books and edited volumes, and in more than 100 articles and chapters in collective volumes. Her publications deal with previously unexplored aspects of Christian art, including gaze and touch, the use of textiles as metaphors, affects and emotions, silence, air, and smell, and the phenomenology of blood.

Her truly innovative approach to the iconology of Mediaeval Art, which has placed into the foreground the senses, materiality, and various aspects of the female and male body, and iconographical themes that have been neglected in the past, has deeply transformed the way European religious and secular art of the Middle Ages is viewed.

 Professor Baert’s research has promoted an intensive international dialogue between the study of the culture, society, and art of mediaeval Europe with history, philosophy, anthropology, theology, and psychology. By introducing new methods, questions, and approaches, Professor Baert has broken new ground not only in the study of mediaeval art, but in art history.  More generally, she has produced work of lasting value, and has inspired scholars around the world.

It is an honour and a pleasure to support Prof. Barbara Baert in her nomination for the 2016 Francqui Prize in the Human Sciences.

Jury International dans lequel siégeaient :

 

Professor Eric Maskin is Adams University Professor at Harvard. He received the 2007 Nobel Memorial Prize in Economics (with L. Hurwicz and R. Myerson) for laying the foundations of mechanism design theory. He also has made contributions to game theory, contract theory, social choice theory, political economy, and other areas of economics.

He received his A.B. and Ph.D from Harvard and was a postdoctoral fellow at Jesus College, Cambridge University. He was a faculty member at MIT from 1977-1984, Harvard from 1985-2000, and the Institute for Advanced Study from 2000-2011. He rejoined the Harvard faculty in 2012. 

 Président

et

Professor Richard Blundell is the David Ricardo Professor of Economics at University College London. Since 1986 he has also been Research Director of the Institute for Fiscal Studies (IFS). He has held visiting professor positions at UBC, MIT and Berkeley. He holds Honorary Doctorates from the University of St.Gallen, the Norwegian School of Economics, the University of Mannheim, and USI, Lugano.  In 1995 he was awarded the Yrjö Jahnsson Prize for his work in microeconometrics and the analysis of labour supply, welfare reform and consumer behaviour. In 2008 he was the recipient of the Jean-Jacques Laffont Prize given to a high level economist whose research combines both the theoretical and applied aspects of economics.   He was awarded the 2015 BBVA Foundation Frontiers of Knowledge Prize in Economics. He was knighted in the 2014 Queens New Years Honours for services to Economics and Social Science. His research covers the empirical analysis of consumer, savings and labour supply behaviour. He has developed new microeconometric tools for the analysis of individual decisions.

 

Professor Yve-Alain Bois – After teaching the history of art for two decades at Johns Hokpins and Harvard, Yve-Alain Bois joined the Institute for Advanced Study, Princeton, in 2005. He has written extensively on 20th century art, from Matisse, Picasso and Mondrian to post-war European and American art, with a particular emphasis on the work of Ellsworth Kelly. He has curated or co-curated several exhibitions, notably of the artists just mentioned, in the Centre Georges Pompidou, Paris; the Kimbell Art Museum, Fort Worth; the National Gallery of Art, Washington; the Museum of Modern Art, New York;  the Fogg Art Museum, Cambridge; and other institutions. He is currently establishing the catalogue raisonné of Ellsworth Kelly’s paintings, reliefs and sculpture,the first volume of which appeared in 2015.

 

Professor Angelos Chaniotis was born in Athens in 1959. After having served as Professor of Ancient History at New York University (1994-1998), and the University of Heidelberg (1998-2006), Vice Rector of the University of Heidelberg (2001-2006), and Senior Research Fellow in Classics at All Souls College in Oxford (2006-2010), he joined the faculty of the Institute for Advanced Study in 2010. He specializes in the history of the Hellenistic world and the Roman East. For his work he has received numerous awards, including the Research Award of Baden-Württenmberg and the Annelise-Maier Research Award and honorary doctorates from the University of Liège and the Hellenic International University.

Professor David Coen is Director of the School of Public Policy and founding Director of the Global Governance Institute at University College London. In 2015 he held the Fernand Braudel Visiting Professor Fellowship at the European University Institute and in 2009 he held a Fulbright Distinguished Fellowship at the Kennedy School of Government at Harvard University. In 2015 he conducted a major study for he European Parliament on EU Lobbying. Recent books include: Handbook on Business and Government. (2010), Oxford University Press and Lobbying the European Union: Institutions, Actors and Policy, (2009), Oxford University Press.

Professor Antoine Compagnon est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de littérature française moderne et contemporaine, et à Columbia University, New York. Il a publié sur Montaigne, Baudelaire et Proust notamment, ou sur les antimodernes. Ses derniers livres sont L’Âge des lettres (Gallimard, 2015) et Petits spleens numériques (Équateurs, 2015).

Professor Elaine Fox.  Born in Dublin, Elaine studied at University College Dublin where she obtained a PhD in Psychological Science in 1988. She has over 25 years experience having held academic appointments in Ireland, New Zealand and the UK. She was appointed Professor of Psychology and Affective Neuroscience at the University of Oxford in 2013 where she founded the Oxford Centre for Emotion and Affective Neuroscience (OCEAN). Prof Fox was awarded a prestigious ERC Advanced Investigator award in 2013 to lead a large-scale project investigating cognitive and genetic factors involved in emotional vulnerability, resilience, and psychological wellbeing. She is author of the bestselling popular science book, Rainy Brain Sunny Brain and has also written a highly regarded textbook: Emotion Science.

Professor Nilli Lavie is a Professor of Psychology and Brain Sciences and Director of the Attention and Cognitive Control laboratory, at the Institute of Cognitive Neuroscience, University College London. She is an elected Fellow of the Royal Society of Biology, the American Psychological Society, and the BritishPsychological Society. She is also an Honorary life member of the Experimental Psychological Society, UK.  She is the creator of the influential Load Theory of Attention, Perception and Cognitive Control and has received numerous prizes for her contribution to Cognitive Sciences, including the Mid-Career Award from the Experimental Psychology Society, UK and the British Psychological Societyaward for outstanding contribution to research on Human Cognition.

Professor Beth Simmons is Clarence Dillon Professor of International Affairs in the Department of Government at Harvard University. She researches and teaches international relations, international law and international political economy.  She is best known for her research on international political economy during the interwar years, policy diffusion globally and her work demonstrating the influence that international law has on human rights outcomes around the world. Her book, Mobilizing for Human Rights: International Law in Domestic Politics won the 2010 American Political Science Association’s Woodrow Wilson Award for the best book published in the United States on government, politics, or international affairs. Simmons has directed the Weatherhead Center for International Affairs at Harvard, is a past president of the International Studies Association and has been elected to the National Academy of Sciences and the American Academy of Arts and Sciences.

Professor Ursula Verhoeven-van Elsbergen is Egyptologist and received her academic degrees at University of Cologne, Germany. After a one-year fellowship for traveling in the Medi­terranean World, she became assistant professor at Universities of Cologne and Bonn and visiting professor at University of Marburg. Since 1998 she is university professor for Egyptology at Johannes Gutenberg-University Mainz. Later, she became ordinary member of the German Archaeological Institute and the Academy of Sciences and Literature Mainz, and is now in charge of two long-term projects (Necropolis of Asyut; Ancient Egyptian Cursive Writings).

Membres

 


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Discours du Comte Herman Van Rompuy,
Président de la Fondation Francqui

 

Het is een eer Sire U hier te mogen begroeten. Andermaal vereert U de uitreiking van de Francquiprijs door uw aanwezigheid. Het geeft aan de meest prestigieuze nationale wetenschappelijke onderscheiding een nog grotere uitstraling. Het is ook een verdere aanmoediging voor de leiding van de Stichting en een eresaluut aan de stichter zelf.

Het is de eerste keer dat ik het woord mag voeren als nieuwe voorzitter van de Raad van Bestuur. Het zal moeilijk zijn de briljante redekunst van mijn briljante voorzitter Prof. Marc Eyskens, minister van Staat, te evenaren. Het is een eer hem op te volgen. Het is ook een plezier want het is ook een geestesgenoot en een vriend.

Je tiens aussi à remercier les membres sortants du conseil d’administration pour leur engagement et leur loyauté.

Je remercie les membres du jury sous la conduite du Prof. Maskin, Prix Nobel d’Economie, pour la grande qualité de leur travail. Ils forment la garantie du rayonnement du Prix.

Denkend aan het werk van onze prijsdrager, Prof. Barbara Baert, vind ik dat enkele beschouwingen over onze Europese cultuur op zijn plaats zijn. Die cultuur is trouwens springlevend en helemaal niet de gevangene van het verleden of behorend tot een museum. Zoals trouwens Europa zelf zich nog steeds heruitvindt, tenminste voor wie de zaken met een zekere “recul” beschouwt. Welk continent is er immers in geslaagd zich zo snel, economisch, politiek en moreel te hijsen uit de puinhopen van de Tweede Wereldoorlog? Er is een ander Europa geboren, dat van vrede en verzoening, ver van het extreem nationalisme en van het imperiale verleden. een Europa dat eindelijk aansluiting vindt bij de grote waarden die aan zijn cultuur ten grondslag liggen, maar waaraan het zo lang zo weinig trouw is geweest.

Quelle est l’originalité de cette culture européenne? Denis de Rougemont m’a aidé à rappeler au moins trois caractéristiques.

  • Le premier est la recherche de la vérité objective. Les monopoles de la vérité n’ont jamais duré longtemps, même pas dans ce Moyen Age que le Prof. Baert connaît si bien. Notre histoire est dialectique. Au treizième siècle on redécouvre Aristote et la philosophie antique et païenne en pleine période chrétienne. Au seizième siècle Luther et Copernicus défient Rome. L’individu devient encore plus important et la science devient autonome. Même dans l’Ancien Régime les grands philosophes publient et se contredisent à la quête de la vérité. Après les Lumières où la raison domine, les grands maîtres de la suspicion comme Nietzsche et Freud soulignent le rôle du non-rationnel au nom de cette recherche de la vérité. Nous ne nous habituerons jamais à la pensée unique. La chute du Mur de Berlin a libéré cent millions d’Européens du mensonge, le contraire de la vérité. Elle n’est jamais acquise.

La science doit être libre. La créativité est une et indivisible. Une dictature politique, aussi d’ aujourd’hui et partout dans le monde,  tue la créativité économique, artistique et scientifique. Le homo europeanus est à la recherche: de la vérité, du bonheur, du sens de la vie, de Dieu. Il ne d’arrête jamais. Nous sommes des Ahasverus. Notre unité se retrouve dans la chance qu’on a d’être différent.

  • La deuxième qualité de notre civilisation est le sens de la responsabilité personnelle. L’homme n’est pas un million divisé par un million. Chaque personne est une valeur en soi. Chaque homme est un Mozart. Il faut une maïeutique socratique pour faire sortir tout notre potentiel. Notre sort dépend de nos propres choix. Elle ne n’est pas dicté par la magie, les rites, l’Etat totalitaire, la prédestination, le déterminisme collectif, le retour éternel des choses. Nous sommes surtout responsablesdes autres, du prochain et de l’étranger. L’autre n’est pas l’enfer. Il ou elle est la référence ultime. Nous ne sommes pas capables de devenir des bons Samaritains mais nous sommes ici aussi à la recherche! La responsabilité envers l’autre est une obligation morale pour chacun, pas une coutume imposé par le groupe auquel on appartient.

Même si l’Etat nous contraint à la solidarité, c’est un Etat qu’on a choisi et qu’on peut modifier ou renverser.

  • De derde originele Europese karaktertrek is de vrijheid. Het is duidelijk dat deze nauw samenhangt met de zin voor persoonlijke verantwoordelijkheid en dat de ene ondenkbaar is zonder de andere. Een mens is alleen waarlijk vrij als hij verantwoordelijk is voor zijn lot en omgekeerd kan men een mens niet verantwoordelijk stellen voor zijn daden als het niet gaat om vrije daden. De geschiedenis van Europa is die van de vrijheid. We verdragen niet lang verknechting. Wij komen in opstand als de vrijheid van mensen en van volken in het gedrang komt. Wij hebben niet de gave van de absolute gehoorzaamheid. Dat wil niet zeggen dat wij niet trouw kunnen zijn, maar steeds een zelfgekozen trouw. Voor ons zijn vrijheid van denken en spreken, van godsdienst, van onderwijs, van vereniging haast “heilig”. Altijd met een zin voor verantwoordelijkheid natuurlijk. Denis de Rougemont zegt dat in onze profane beschaving de zin voor vrijheid iets is dat de invocatie van het sacrale het dichtst benadert.

Het is belangrijk deze grondwaarden van onze beschaving te onderlijnen, in een tijd waarin veel gesproken wordt over onze identiteit. De Europese Unie is nu drager en de garant van die grote waarden: de politieke democratie, de rechtstaat, de gelijkheid van elke mens, elke man en vrouw, de scheiding van godsdienst en Staat, de fundamentele vrijheden. Ze zijn basis van ons burgerschap en van sociale cohesie. Daarrond kunnen culturen, godsdiensten en overtuigingen graviteren.

Cette unité autour de ces valeurs rend possible une diversité par le dialogue, qui lui-même est basée sur le respect, l’écoute, la modération. Je sais que l’harmonie n’existe pas, mais elle reste un rêve, une utopie. L’harmonie ne signifie pas le “stand still”, la fin de l’histoire et de la dialectique. L’harmonie est l’échange, la quête de la vérité et du vivre-ensemble dans un esprit de paix et d’ouverture. Notre identité est ouverte. Elle n »est pas une forteresse. Elle n’a pas peur.

L’Europe peut et doit rêver et avoir des utopies. Elle est déjà de nature suffisamment pratique et pragmatique pour pouvoir aussi être autre chose.

J’ai pensé à tout cela quand j’ai relu la motivation du jury quant à l’œuvre de Prof. Baert.

Zij werkt in een domein wat naar de normen van de productivistische samenleving van vandaag wat vreemd is.. Omdat zij zich nl. bezig houdt met het essentiële, met de mens zelf! Ze ontleedt beelden in al zijn dimensies om er de rijkdom van weer te geven. Eén discipline volstaat daarvoor niet in haar vak, de iconologie. De waarheid heeft vele invalshoeken nodig. De zoektocht vergt de inzet van meerdere wetenschappelijke disciplines. Zij spitst haar werkveld meestal toe op een rijke en miskende periode uit onze geschiedenis, de late Middeleeuwen. Een tijd van tragiek – denk aan de ravages van de Zwarte Dood – maar ook de voedingsbodem voor wat men de Renaissance zou noemen. Een tijd echter met een waarde op zich. Maar het werk van Prof. Baert is meer dan wetenschappelijk. Als ik een bijdrage over de stilte en “de wind” van haar gelezen had, stond ik voor poëzie die in de wetenschap verweven is. Een analyse van beelden die erg zintuiglijk is, verweg van het louter cerebrale. Alle aspecten van ons menszijn worden erin verweven. Een unieke combinatie voor een onderzoekster die uniek is en als zodanig internationaal erkend wordt. Het heeft mij wellicht nog meer getroffen omdat de wind het geluid is dat ik als laatste zou willen horen. Het symboliseert het leven zelf, het wilde en het zachte ervan, het sacrale ook dat doorheen alles gaat. Dat interdisciplinaire en dat artistieke maken van Prof. Baert een uomo universale, uit een grote traditie ontstaan na de Middeleeuwen.

Le Prof. Baert est une chercheuse, qui ne peut pas être plus européenne. Elle montre dans ses analyses ce sens du détail, du particulier et du personnel qui nous est si cher. Non pas comme une méthode de travail mais pour saisir toute la réalité et la vérité. Elle étudie et présente cette grande culture européenne. Je suis heureux et fier de vous la présenter lors mon premier discours en tant que Président du Conseil de la Fondation Francqui. Je suis certain que vous partagez cette appréciation et ce sentiment.

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Discours du Professeur Barbara Baert

Sire,

Uw persoonlijke aanwezigheid op deze plechtige uitreiking bevestigt de bijzondere betekenis van de Francqui-Prijs voor de wetenschap in ons land en voor de academische wereld die haar omkadert. Het is een onbeschrijflijke eer om deze prijs uit de handen van U, Zijne Majesteit te mogen ontvangen.

Excellenties, Excellences, Zeer Geachte Dames en Heren, Mes Dames, Messieurs,

Vandaag weten wij de humane wetenschappen en in het bijzonder de discipline van de Kunstwetenschappen, opgetild in een unieke gloed. Mijn gemoed is gevuld met vreugde, dankbaarheid en optimisme, dat ik deze illustere onderscheiding met u kan en mag delen.

Au sein des Recherches des Sciences de l’Art de la KU Leuven, je suis responsable de la culture médiévale de l’image et en particulier de l’analyse de l’image et de l’iconologie. Cette dernière méthodologie se concentre plus particulièrement sur la contextualisation d’oeuvres d’art dans un environnement historique, social et esthétique, et entend ce faisant contribuer à une compréhension approfondie des glissements inhérents à ces contextes.

Ik voel mij in deze benadering uitgedaagd door wat ik elders de hermeneutiek van de ‘tussenruimte’ heb genoemd. Met deze ‘tussenruimten’ beschrijf ik het ‘inkantelingsproces’ van culturele symptomen in het visuele medium. Vanaf het ogenblik dat dit symptoom zich oplaadt met een visuele energie die het put uit de bredere ideeëngeschiedenis, kan het zijn traditie binnen of buiten de artistieke canon aanvatten. Zo ontvoogt het beeld zich tot haar eigen taal en medium; zo ontstaan iconografische stambomen, zo bevruchten beelden op hun beurt weer motieven uit de literatuur, kortom, zo zwellen beelden aan tot bredere, culturele spectra met complexe boodschappen.

Laat ik als voorbeeld het motief van de genezing van de bloedvloeiende vrouw nemen, dat wij in een interdisciplinair team hebben onderzocht. Het project behandelde de exegetische, kunsthistorische en antropologische achtergrond van een passus uit het boek Markus waarbij een vrouw van bloedvloeiingen genezen wordt, door de zoom van het kleed van Christus aan te raken. De impactgeschiedenis van het motief bracht ons voorbij de notoire grenzen van het iconografisch motief. We exploreerden verder, en we daalden dieper af tot bij de krochten van wat de mensheid fascineert èn vreest. Zo verwierf ons onderzoek kennis over de aanvoelingspatronen omtrent de fenomenologie van bloed, het aanrakingstaboe, en textiel als magische aftap van krachten (een zeer diep archetype in vele culturen).  

Cela nous a même incités à publier une monographie sur la signification de l’ourlet, donc le bord textile, en tant qu’image du corps liminal – dans différents systèmes hiéro logiques ainsi qu’au prisme des archétypes fondamentaux des cultures assyriennes et sémitiques. Le philosophe Jean-Luc Nancy écrit: Il n’y a pas d’abord la signification, la traduction, l’interprétation: il y a cette limite, ce bord, ce contour, cette extrémité.

Dat de kunstwetenschappen deze grote vragen over de zintuigen, over gezondheid en het lichaam, ja, over leven en dood, kunnen en mogen lanceren, verklaart mijn grote passie voor het vakgebied en houdt mijn verlangen naar het zoeken van fundamentele antwoorden levendig.

Vanuit deze veeleisende, maar tegelijk ook tedere liefde voor mijn discipline, wordt èlke plastische uitdrukking op de tijdslijn – groot of klein, oud of jong, mannelijk of vrouwelijk – waardevol om door de kunstwetenschapper omhelst te worden. Zijn/haar oog zal mild zijn. Zijn/haar epistemologie ruimdenkend genoeg om in dialoog te treden met de literatuur, de filosofie, de theologie, de antropologie en de psycho-analyse.  Om die reden voel ik mij zeer ontroerd om precies deze mildheid en ruimdenkendheid in mijn oeuvre, als bijzonder gewaardeerd te lezen in het juryrapport van deze prijs.

Ik citeer in dat verband de Madrileense schrijver Javier Marias die ik zeer bewonder: Het belangrijkste ligt altijd dáár, in de verloren tijd, in het willekeurige en in wat overbodig lijkt. Op de plek waarvan iemand zou zeggen dat er niets meer kan zijn. (einde citaat)

Er is namelijk altijd nog ‘iets’.

Et oui, un jour il y a quelques années, je me réveille et je pense avec Antonin Artaud dan son L’ombilic des Limbes (1925):

Je voudrais faire un Livre qui dérange les hommes,

Qui soit comme une porte ouverte et qui les mènes où ils n’auraient jamais consenti à aller,

une porte simplement abouchée avec la réalité.

Et à ce moment là, est né une idée. Un livre sur le vent.

Les pistes que j’explore dans ce dernier ouvrage, Pneuma and the Visual arts in the Middle Ages and early Modernity, fraîchement paru aux éditions Peeters, visent à restituer le mode représentationnel des sens qui échappent au médium visuel et qui par conséquent ne peuvent être suggérés que par voie indirecte, tels que l’odeur et le vent. Pneuma traite effectivement des rapports complexes entre l’homme et son environnement écologique, entre l’homme et son corps, ainsi que la relation spirituelle entre le visible et l’invisible dans les arts visuels. Je m’efforce notamment d’y établir la valeur paradigmatique du « vent » pour la compréhension raisonnée de l’image en général.

Ou pour le dire avec les mots d’Adonis, dans son poème « Mémoire du vent » 

Comme un jeu

Les vents de la fatigue

Courent dans mes jointures

Ont-ils eu peur de mon feu

Pour se réfugier dans ma plume

Pour se cacher dans mes livres?

Adonis a raison. Bien des choses demeurent cachées dans un livre, ou ne se montrent que par intermittences.

Daarom vond ik het passend het boek over de wind te laten eindigen met een studie over het verborgene en het onverwachte: de vergeten windgod Kairos of de Griekse god van de tijd als gelegenheid. Kairos komt plotsklaps in ons leven, en voor wie hem herkent en grijpt, kantelt de tijd in voorspoed, geluk en creativiteit. Kairos opent. Hij is een kortstondige poort naar inzicht. une porte ouverte et qui les mènes où ils n’auraient jamais consenti à aller.

Kairos daagt ons uit voor een hermeneutiek die oog heeft voor de onderbreking als kunstzinnige ruimte, ja, voor de hapering: argeloos misschien, niettemin gezwollen van wijsheid en creativiteit. De Grieken spreken in dat verband van de erèmia (ἐρημία): de zwangere pauze.

Ook de voorloper van de Iconologie, de joodse denker Aby Warburg en een groot inspirator voor mijn werk, was vertrouwd met, en immens gefascineerd door, de creatieve tussenruimte van Kairos. Hij spreekt van een plastisch denken binnen de Zwischenraum, waarin kunstwerken zich reveleren als Erinneringsspuren van de Mensheid: herinneringssporen: “traces mémorielles”.

Aby Warburg, overleden in 1929, kwam uit een rijk bankiersgeslacht in Hamburg. Hij deed afstand van zijn erfdeel ten voordele van zijn broer Max in ruil voor mecenaat. Warburg kon daardoor veel reizen en kocht boeken om zijn utopie – de ultieme bibliotheek – gestalte te geven. In de jaren’30 onder de dreiging van het fascisme worden zijn bezittingen verscheept naar Londen, waar zowel zijn fototheek, de indrukwekkende boekencollectie en zijn missie nog steeds worden verdergezet in The Warburg Institute.

Voor Warburg is de kunstgeschiedenis een geschiedenis van plastische expressies die de beeldcultuur inrollen als dynamogrammen. Elk herinnering is in een collectief geheugen opgeslagen, waar het geworteld blijft in primaire gevoelens van verdriet, extase, passie. Wanneer een herinnering uit deze diepten oprijst, en zich verbindt aan het plastische medium, wordt dit spoor zichtbaar energetisch. Dan wordt die herinnering een Pathosformel. Pathosformeln zijn dragers van universele, maar polariserende plastische vormen. Het zijn energieën uit een steeds wederkerende onderstroom van artistiek uitdrukken, tussen onderdrukt of exuberant, tussen introvert of extravert, kortom, laverend tussen Apollo en Dionysus. Ze verbinden verleden en heden; ja, ze zijn een middel tot bevrijding van de mens.

La définition par Warburg des sciences de l’art comme l’étude de la circulation interculturelle de souvenirs plastiques, exercera un ascendant considérable sur son contemporain – et notre compatriote – Franz Cumont, et qui remporta la troisième édition du Prix Francqui, en mille neuf cent trente-six. J’ai étudié ses archives personnelles conservées à l’Academia Belgica à Rome, et j’étais impressionné par son œuvre sur le Mitras culte en Europe, décrit par l’auteur en fait, comme trace mémorielle dans l’art antique et paléochrétien.

Avec l’admiration intime qui me lie à ces deux chercheurs – Warburg et Cumont – en raison de leur sensibilité pour les “regards croisés”, où le dialogue prévale sur le soliloque, je me tiens devant vous, avec la ferme résolution d’appliquer leurs intuitions à des registres iconographiques encore inexplorés aujourd’hui.

En deze registers van verkennen en exploreren, breed èn complex, moeten zich ook buigen over de relevantie van het wetenschappelijk discours voor onze samenleving.

In mijn jongste publicatie resulteerde dit in een manifest waarin ik de dominantie van onze Westerse mimesishermeneutiek ontmaskern in het voordeel van de vergeten nimf Echo: het zintuig van het gehoor, de klank jawel, maar ook van een visueel paradigma voor het verborgene. Mijn boek In response to Echorehabiliteert de nimf binnen de kunstgeschiedenis, nadat zij visueel werd verstoten door het Narcistische spiegelfantasme. Van hieruit mag de schuchtere Echo ontwaken en letterlijk een weerklank vinden voor een humane wetenschap die een epistemologie van vervloeiing met de andere (wat Narcissus ontbeert) en dus met andere disciplines, koestert en methodisch bevraagt.

Reste une dernière question : quel nom convient-il de donner à ce dialogue interdisciplinaire défroissant dans le pli de notre époque ? La langue allemande a retenu le nom de Bildwissenschaften. La langue française préfère celui d’Anthropologie visuelle. La langue flamande a pour sa part conservé l’appellation originale d’Iconologie. Quoi qu’il en soit, l’énergie singulière qui anime les sciences de l’art dans leur ensemble, réside peut-être dans sa résistance à toute classification. Comme le faisait tendrement remarquer le philosophe italien, et grand connaisseur de l’art, Giorgio Agamben : l’histoire de l’art s’agit d’une science sans nom. Nul doute que la position charnière de la Belgique, avec ses trois aires linguistiques s’entre-chevauchant, ne soit pour quelque chose dans la moisson particulièrement riche des sciences de l’art : ouverte à toutes les dynamiques, à toutes les inséminations et contagions à bon escient, et toujours à l’affût des quatre vents.

Sire,

Excellenties, Excellences, Zeer Geachte Dames en Heren, Mes Dames, Messieurs,

Bij deze grootste bekroning van mijn werk, voel ik de energie van Kairos onbeschrijfbaar intens over mij heen spoelen, en zij bevrucht mij als een erèmia (ἐρημία). Meer dan ooit worden de Kunstwetenschappen, en bij uitbreiding de letteren en de humane wetenschappen gesteund, samen met al mijn collega’s die ik straks individueel kan bedanken. Ik houd ook in gedachten de decanen en de rectoren van mijn universiteit die mij van dichtbij of van op afstand, hebben gevolgd, en die mij hebben vertrouwd binnen een intellectuele vrijplaats van creativiteit, vernieuwing, onstuimigheid, weerbarstigheid, en ja volharding. Ik ben altijd ‘mezelf’ mogen zijn en ik zal ook mezelf blijven.

Als draagster van de Francqui prijs 2016 gaat mijn bijzondere erkentelijkheid ook uit naar de familie Francqui en haar stichting, naar Graaf Herman Van Rompay die bereid was de prachtige laudatio uit te spreken, en naar de collegae Professor Max Martens en Professor Marie-Claire Foblets, Franqui-Laureate 2004, die beiden mijn dossier hebben voorgedragen.

Ma gratitude va de tout cœur aussi aux mes étudiant(e)s et mes doctorant(e)s dont les questions importunes, importantes, me tiennent en éveil et me permettent d’affluer inlassablement – avec cette fluidité que je leur dois et qui à bon droit leur “revient” – telle une humble source en leur faveur.

Deze onderscheiding noopt mij om verder te werken aan wat diep geworteld is, maar wat de Kunstwetenschappen volstrekt methodisch omschrijfbaar maken: de beeldende Erinnerungsspuren die ons omgeven, die ons bekleden en die ons hun verhaal toefluisteren. Wie heel stil is, hoort op dit moment nog de lier van Orpheus, of de klaagzang van Persephone over de belofte die hen eertijds werd geformuleerd: de terugkeer van de geliefde, de terugkeer naar de bloeiende tuin.

En zo beland ik in de enige tussenruimte die ertoe doet. Het besloten hof van de liefde. Mijn dankbaarheid voor mijn ouders, mijn echtgenoot en mijn kinderen, is groots en strekt voorbij elke mogelijke bewoording.

Ik dank u allen van harte. Je vous remercie de tout cœur.

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