1953 – Mgr Etienne Lamotte

 

Remise solennelle de la Médaille d’Or Francqui
par Sa Majesté Le Roi Baudouin
à la Fondation Universitaire le 2
juin 1953

Curriculum Vitae – Rapport du Jury – Discours

Mgr Etienne Lamotte

 

(21/11/1903 – 05/05/1983)

Né à Dinant, le 21 novembre 1903

Diplômes universitaires :

Docteur en philosophie et lettres (philologie classique), Université Catholique de Louvain, 1941
Docteur en langues orientales, Université Catholique de Louvain, 1941

Fonctions :

Professeur ordinaire à la Faculté de Philosophie et Lettres de l’Université Catholique de Louvain : langues d’Extrême-Orient et études bouddhiques

Curriculum vitae :

Maître de conférences à l’Université Catholique de Louvain, 1932-1934
Chargé de cours, 1934-1937
Professeur ordinaire, 1937
Membre de la Commission de Philologie du Fonds National de la Recherche Scientifique, 1947
Membre de la Commission interuniversitaire du Microfilm, 1949-1965
Président de l’Institut orientaliste de l’Université Catholique de Louvain, 1950-1959
Consultor Secretariatus pro non-christianis Città del Vaticano, 1964
Prélat de la Maison de Sa Sainteté, 1964

Distinctions scientifiques :

Lauréat du Concours universitaire, 1930
Lauréat du Concours des bourses de voyage du Gourvernement, 1930
Prix Stanislas Julien, 1946 (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
Médaille d’Or du Prix Francqui, 1953
Prix du Concours quiquennal des sciences historiques (16e période, 1946-1960)
Prix Goblet d’Alviella (7e période, 1956-1960)
Membre d’honneur de l’Ecole française d’Extrême-Orient, 1952
Membre titulaire de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, 1959; Directeur, 1966
Membre correspondant de l’Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), 1959
Membre d’honneur de la Société Asiatique de Paris, 1960
Honorary Fellow of the Royal Asiatic Society of Great Britain and Ireland, 1964
Corresponding Member of the School of Oriental and African Studies, University of London, 1964
Membre titulaire de l’Académie chinoise, République de Chine, Formose, 1968
Docteur honoris causa de l’Université de Rome, 1968
Docteur honoris causa de l’Université de l’Etat à Gand, 1969

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Rapport du Jury (11 avril 1953)

Vu l’article 10 du règlement organique,

soucieux de perpétuer le souvenir de l’hommage rendu par le Jury du Prix Francqui 1953 à Monsieur le Chanoine Etienne LAMOTTE, Professeur à l’Université Catholique de Louvain,

considérant l’ampleur des recherches effectuées par lui dans des domaines particulièrement ardus de l’orientalisme,

considérant l’excellence des éditions et traductions, richement commentées, qu’il a fournies de plusieurs grands textes inédits,

considérant la nouveauté et l’importance des résultats qu’il a obtenus touchant l’origine et l’évolution de la pensée bouddhique,

décide de faire frapper une médaille d’or au nom de Monsieur le Chanoine Etienne LAMOTTE.

Jury international dans lequel siégeaient :

Le Professeur N. Hohlwein
Professeur émérite de l’Université de l’Etat à Liège.

                                                                                Président

Le Professeur Ch. Balic
Recteur Magnifique du Pontifico Ateneo Antoniano, Rome

Le Professeur F. De Visscher
Professeur à l’Université Catholique de Louvain

Le Professeur G. Lagarde
Professeur à l’Université de Paris

Le Professeur Ph. Meylan
Professeur à l’Université de Lausanne

Le Professeur R. Piret
Professeur à l’Université Catholique de Louvain

Le Professeur L. Renou
Membre de l’Institut, Professeur à l’Université de Paris

Le Professeur W. Seston
Professeur à l’Université de Paris

Le Professeur D.R. Shackleton-Bailey
Maître de conférences à l’Université de Cambridge

Le Professeur P. Vignaux
Directeur d’Etudes à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, Paris

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Discours du Baron Holvoet, Président de la Fondation Francqui

Sire,

La Fondation Francqui est profondément reconnaissante au Roi de bien vouloir, comme l’an dernier, et fidèle aux traditions de la dynastie, procéder à la remise solennelle de son prix annuel.

Le Prix était réservé, cette année, aux sciences humaines.

Pour la première fois depuis que la Fondation existe, le jury n’a pu se mettre d’accord et les voix se sont réparties en nombre égal sur deux noms : cinq à Mademoiselle Préaux, cinq au Chanoine Lamotte.

Le règlement de la Fondation avait prévu cette éventualité; le prix est alors distribué au plus jeune.

Ce règlement ne peut être soupçonné de galanterie, c’est par le bénéfice du plus jeune âge que Mademoiselle Préaux a été proclamée : Prix Francqui 1953.

C’est la première fois que cet honneur échoit à une femme.

Mademoiselle Préaux, après de brillantes études, a été aspirante du F.N.R.S. et est devenue professeur à l’Université de Bruxelles.  Elle est chef de section à la Fondation Egyptologique créée sous les auspices de Sa Majesté la Reine Elisabeth.

Son oeuvre, consacrée à l’étude des papyrus, fait revivre l’ancienne civilation égyptienne sous ses aspects les plus divers; je cite au hasard : les droits de l’état, l’économie dirigée, la liberté du travail, le recensement, sans oublier la musique et la poésie.

Elle publie des livres, fait des conférences à Rome, à Londres, à Paris, à Alexandrie, au Caire; elle écrit des articles dans des revues spécialisées…….
bref, elle a largement contribué au renom de notre pays à l’étranger.

Le Conseil d’Administration a tenu à rendre également un hommage exceptionnel au Chanoine Lamotte, présenté ex aequo par le jury, et que son âge seul a écarté.

Le Chanoine Lamotte a passé de brillants examens et a été lauréat de concours universitaires.  Les langues orientales l’ont attiré, il a fait des séjours à Rome, à Paris; est professeur à l’Université Catholique de Louvain où il préside l’Institut Orientaliste.  La philosophie de l’Inde, le sanscrit, le tibétain, le chinois, n’ont pas de mystères pour lui.  Il a publié de nombreux ouvrages et collaboré à de multiples revues.  Tout récemment encore, je l’entendais faire à l’Académie Royale de Belgique, une savante étude sur une mission boudhique en Chine.

La Fondation Francqui a donc décidé de faire frapper, en un exemplaire unique, une médaille d’or qui perpétuera pour son titulaire le témoignage flatteur dont il a été l’objet.

Dois-je dire, enfin, que le jury comprenait sept membres étrangers sur dix; les noms de Mademoiselle Préaux et du Chanoine Lamotte ont donc porté bien au-delà de nos frontières, la réputation de nos savants.

Avec la permission du Roi, Monsieur Willems va donner lecture successivement des deux décisions prises par le Conseil d’Administration.

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Discours du Professeur Etienne Lamotte

Sire,

L’Auguste présence de Sa Majesté le Roi à cette cérémonie m’émeut profondément; Son souvenir demeurera gravé dans mon esprit et dans mon coeur. Daigne Votre Majesté agréer l’humble hommage de ma reconnaissance.

Sire, Monsieur le Président,

Permettez-moi d’exprimer à Messieurs les membres de la Fondation Francqui ma très vive gratitude pour la flatteuse distinction qu’ils ont bien voulu m’accorder.  Leur geste me touche d’autant plus profondément que je n’ai guère conscience d’avoir mérité pareil honneur.  Lorsque le démon de la curiosité s’empare du chercheur, le d’échiffrement des textes sanskrits, des xylographes tibétains ou des caractères chinois ne réserve que joies et satisfactions; les premiers efforts sont bientôt récompénsés par l’ivresse de la découverte.  Mais que ces travaux m’aient valu par surcroît la bienveillante sympathie des plus hautes autorités scientifiques, voilà qui révèle la hauteur et la qualité de l’humanisme……

Le prix conféré à ma savante collègue, Melle Préaux, est un juste hommage rendu à son talent et à ses mérites : c’est aussi la reconnaissance tacite de la dette que nous avons contractée à l’endroit de l’antiquité classique dont nous sommes les tributaires et les héritiers.  Chez nous, la connaissance du monde gréco-romain va de pair avec les progrès de la civilisation.

Cependant, dans un monde où les distances sont supprimées, les foules orientales se pressent aujourd’hui à nos portes.  Elles aussi ont leur passé et leurs traditions, leurs philosophies et leurs religions.  Il importe d’en dégager l’esprit si l’on veut travailler efficacement au rapprochement entre les peuples, idéal suprême de l’humanisme.

En me conférant, par une mesure exceptionnelle, une médaille d’or que la Fondation Francqui a fait frapper à mon nom, cette Institution a voulu encourager ceux qui se penchent sur ces antiques civilisations avec une curiosité doublée de sympathie.

Les distinctions qui me sont octroyées prouvvent qu’à côté des philologues classiques, les orientalistes ont leur place dans la sciences belge.  Elles montrent aussi l’estime où sont tenues ces recherches désintéressées qui, sans entraîner de progrès matériels ou techniques, sont néanmoins de nature à enrichir notre patrimoine humain.

En mon nom personnel et en celui de tous les orientalistest, j’adresse mes plus vifs remerciements à la Fondation Francqui dont les judicieuses interventions ont si brillamment concouru avec celles de la Fondation Universitaire et du Fonds National de la Recherche Scientifique à promouvoir le développement des études des intéressés dans notre pays.

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